Pourquoi un boycott des produits venant d’Israël ?
Comme vous le savez sans doute, le boycott des produits venant d’Israël est revendiqué par un grand nombre d’associations, en France, en Europe, aux USA. A Dijon, se sont pour l’instant réunis autour de cette action : l’Association France Palestine Solidarité (AFPS), Attac, la Cimade, la CNT, la FSU, le Mouvement pour une alternative non violente (Man), le Mouvement de la Paix, le MRAP, le PCF, l’UJFP.
D’où vient ce mouvement ?
Il a été initié par les Palestiniens de Cisjordanie, dès 2005.
Ceux-ci luttent depuis des années contre le vol de leurs terres, lesquelles sont octroyées aux colonies israéliennes (à leurs côtés, dans la lutte, on trouve des opposants israéliens et des “internationaux”)
Or ils luttent en vain. Les colonies ne cessent de s’étendre, rendant impossible la création d’un Etat palestinien.
Voir les cartes ci-dessous :
http://www.lepost.fr/article/2009/01/06/1376559_palestine-la-carte-de-60-ans-d-occupation.html
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/cartotheque/murs-colonies-cisjordanie-2007.shtml
Depuis 1967, plus de 18000 maisons y ont été détruites. Plus d’un million d’arbres ont été arrachés. 80% de l’eau est confisquée par Israël. Routes réservées aux colons israéliens, barrages, murs, font que 38% de la Cisjordanie sont désormais inacessibles aux Palestiniens.
En 2005, plus de cent associations et ONG palestiniennes ont donc demandé aux associations de lutte pour la justice en Palestine, partout dans le monde, de boycotter les produits issus des colonies.
Certains Palestiniens vont perdre leur travail et leur revenu, car ils travaillent pour les Israéliens dans les colonies : mais, désespérés par la colonisation, ils prennent ce risque.
Par ailleurs, le camp de la paix présent dans le monde, courageux et constant, a beau écrire, protester, manifester, ses résultats restent faibles, quasi sans écho dans les medias. Or une action de boycott permet d’exercer une pression importante et peut devenir un facteur politique non négligeable.
Le problème qui se pose alors est le suivant :
Comment savoir quels sont les produits qui viennent
des colonies ?
Certains ont pu être répertoriés par des observateurs, sur le terrain.
Il en va ainsi par exemple des serres israéliennes de la compagnie Agrexco, situées dans la Vallée du Jourdain occupée, ou de la firme Soda Club, située dans la grosse colonie de Maale Adoumim, près de Jérusalem-Est, et dont les produits sont commercialisés un peu partout en France.
Mais la traçabilité des produits israéliens n’est jamais indiquée…
Autre question :
Les colonies israéliennes en territoires occupés sont illégales au regard du droit international : comment se fait-il qu’ Israël puissse en exporter des produits sans problème ?
Israël bénéficie d’un “accord d’association” avec l’Union européenne, accord qui lui permet d’être exempté d’ un certain nombre de taxes sur ses exportations.
Cet accord ne s’applique évidemment pas aux produits venant des colonies, lesquelles ne sont pas “israéliennes” puisqu’elles sont illégales selon le droit international.
L’Union européenne a donc demandé à Israël de mentionner sur ses produits leur provenance exacte. Israël a promis de le faire mais n’a jamais obtempéré. C’est pourquoi, dans l’ignorance et dans la suspicion, nous nous voyons obligés de boycotter tous les produits en provenance d’Israël.
Le boycott est-il légal ?
En soi, boycotter un Etat n’est pas légal et les amis d’Israël mènent une campagne active pour faire juger les boycotteurs. Il est interdit d’entraver “l’exercice normal d’une activité économique à raison notamment de son appartenance à une nation”. Mais nous répondons que nous cherchons à entraver “l’exercice anormal” de l’activité économique en cause. Exercice “anormal”, puisque ayant lieu dans des territoires occupés.
En quoi consistent nos actions ?
-Nous surveillons les produits fournis pas les magasins. En cas de provenance d’Israël, nous demandons au directeur s’il connaît la provenance exacte de ses produits : Israël ou colonies ? Quand il l’ignore, nous lui expliquons qu’il risque d’être dans l’illégalité, et nous lui demandons de ne plus vendre de tels produits.
Nous photographions les produits litigieux : par exemple des oranges marquées : “Israël” et USA” en même temps.
Nous notons les anomalies au service des fraudes.
-Nous écrivons aux directeurs de magasins et aux centrales d’achats, en leur demandant la provenance exacte de leurs produits marqués “Israël”.
-Nous informons les clients par des distributions de tracts à l’entrée des magasins. Nous leur faisons signer des pétitions que nous remettons ensuite au directeur du magasin. Certains groupes font des opérations coup de poing, en s’introduisant dans les magasins munis d’un haut parleur pour alerter la clientèle.
-Nous intervenons auprès des instances municipales ou régionales, pour les interpeller sur leurs liens (commerciaux et autres) avec la colonisation.
Ainsi la ville de Sète est-elle le lieu de multiples manifestations, car le maire (a décidé d’y implanter une plateforme qui commercialisera les produits de la firme colonisatrice Agrexco, laquelle compte pourvoir toute l’Europe en fruits et légumes venus à 70% des colonies.
Déjà les fruits et légumes Agrexco sont commercialisés par les magasins Carrefour.
-Nous intervenons auprès de l’Union européenne pour lui demander de suspendre son accord d’association avec Israël.
Pourquoi ce type d’action est-il souvent appelé “BDS” ?
Parce que nombreux sont les groupes qui pensent que le boycott venant des consommateurs (B) ne suffit pas, et qu’il faut aussi demander le “désinvestissement” (D) : à savoir appeler les firmes à ne plus investir en Israël, quand cela contribue à la colonisation.
C’est ainsi que sont visés par exemple Caterpillar, firme américaine qui vend à Israël les bulldozers qui détruisent les maisons, ou Starbucks, qui finance l’armée israélienne.
La société française Véolia, qui construit à Jérusalem un tramway reliant les colonies, a perdu de nombreux marchés à cause d’interventions multiples.
La société Alstom fait l’objet d’une mise en jugement, pour son implication dans ce tramway.
La banque Dexia, banque belge qui finançait des colonies, suite à de nombreuses protestations, a fini par en retirer ses capitaux.
Ce ne sont là que quelques exemples.
Quant aux “sanctions” (S), elles semblent indispensables puisque le rapport Goldstone accuse Israël de crimes de guerre, voire de crimes contre l’humanité, à la suite de l’opération “Plomb durci”, à Gaza, à la fin de l’année 2008, opération qui a fait plus de 1300 morts et un nombre incalculable de dégâts.
Ainsi des dirigeants politiques et militaires israéliens se sont venus menacés de poursuites judiciaires s’ils entraient en Grande Bretagne, si bien que le Premier ministre Gordon Brown a dû faire modifier la loi pour éviter les ennuis diplomatiques…
En Turquie, une association de défense des droits de l’homme porte plainte contre le ministre de la défense israélien, Ehoud Barak.
Le mouvement pour le BDS est-il diversifié ?
Bien sûr ! Et les débats ne manquent pas !
Tandis que tous les groupes de protestation mènent une lutte sur le terrain économique, certains vont plus loin et optent pour le boycott sportif, culturel, universitaire pour sanctionner l’ensemble de la politique israélienne.
Par ailleurs, certains disent ne pas sanctionner seulement la colonisation, ils boycotteront tant qu’ un Etat palestinien n’aura pas vu le jour, tant que Gaza restera enfermée dans un blocus impitoyable.
Ce mouvement de BDS a-t-il un retentissement ?
Oui. Ce mouvement d’action citoyenne non violente a de plus en plus d’impact pour alerter les opinions, y compris l’opinion israélienne.
Il existe dans tous les pays du monde où une opinion peut s’exprimer.
-Certains Etats (Venezuela, Bolivie) ont rompu leurs relations avec Israël.
-L’Espagne boycotte l’université d’Ariel, située en territoire occupé.
-L’Allemagne refuse de commercialiser les produits Soda Club tant qu’ils sont fabriqués dans les colonies.
-Les syndicats britanniques, soit 6,5 millions de travailleurs, s’engagent à construire un mouvement massif de boycott, en vue d’un règlement négocié du conflit, basé sur la justice.
-La Grande-Bretagne pratique aussi à grande échelle le boycott académique.
-La Turquie a notablement réduit ses importations de produits agricoles venant d’Israël.
-Il en est de même pour la Norvège, le Danemark, la Suède.
-En France, le conseil régional Rhône-Alpes soutient la campagne BDS. Dans ce cadre, elle s’engage, dans les marchés publics à boycotter les produits fabriqués en Israël.
Elle s’engage aussi à rompre toute relation avec toute institution représentante du gouvernement israélien.
Quoi qu’il en soit, il s’agit de combattre une politique, pas un peuple ni une religion (la religion juive). Le mouvement dans son ensemble est attentif à éviter tout propos ou acte antisémite. Il vise une politique coloniale d’occupation et de colonisation.
Ce qui est tragique, c’est que pour gagner leur vie, nombre de Palestiniens sont obligés de travailler à leur propre perte : ce sont eux qui ont construit les murs qui leur volent des terres, ce sont eux qui construisent les colonies, ce sont eux qui souvent y travaillent.
Produits israéliens : code 729.
Quelques marques parmi d’autres :
Carmel, Coral, Kedem, Eco-fresh, Biotop,
Cosmétiques Ahava,
Soda club.
AFPS21/UJFP21
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pour l'AFPS nationale ...
La position du gouvernement Fillon s'est durcie en ce qui concerne la campagne BDS que mène le mouvement de solidarité avec la Palestine.
Devant la campagne de répression qui s’installe nous devons tous réagir en nous positionnant dans une position très stricte afin de ne donner prise aux coups que les amis d’Israël entendent bien porter à l'encontre de cette démarche.
Trois courriers se trouvent sur le site BDS expliquant clairement notre position dans cette démarche.
Ci-joint la version type qui sera émise sur le site national sous forme de pétition.
"Il est clair pour nous que les exigences prioritaires aujourd’hui sont l’interdiction d’entrée dans l’UE des produits frauduleux des colonies et la suspension de l’Accord d’association, dans le cadre renouvelé de la campagne BDS."
(3) Si vous écrivez, mentionnez nom, prénom et ville et signez
Adressez à...
francois.fillon@pm.gouv.fr
jean-paul.faugere@pm.gouv.fr (Directeur de cabinet de Fillon )
charles.fries@pm.gouv.fr (Conseiller diplomatique)
(2) Courrier type à adresser à Monsieur le Premier ministre,
La Cour européenne de justice vient de condamner, par un arrêt du 25 février 2010, les importations des produits de toutes les colonies
israéliennes qui se prévalent indûment de l’Accord d’association Union européenne -Israël en vigueur depuis l’an 2000. Elle rappelle que
toutes les colonies sont illégales en ce qu’elles sont parties non pas d’Israël mais de la Cisjordanie.
Cet arrêt majeur engage votre gouvernement. Il vous engage également pour son application sur le territoire français, chose à laquelle vous vous
refusez malgré nos initiatives multiples, par exemple celles contre l’implantation d’Agrexco à Sète, mais aussi toutes les démarches que
nous avons effectuées auprès des ministres en charge ou bien encore auprès des importateurs et distributeurs de ces produits frauduleux.
Or non seulement vous n’appliquez pas le droit mais vous calomniez ceux qui le défendent. Vous avez osé, devant le CRIF, mettre un signe
d’égalité entre les produits israéliens et les produits « casher ».
Votre ministre de la justice allant même jusqu’à envoyer une circulaire aux Parquets pour, en s’appuyant sur une loi datant de 1881, leur
demander de poursuivre ceux qui, à la différence de votre gouvernement, s’opposent à l’introduction hors la loi des produits des colonies.
Vous trouvez que cette action est « scandaleuse ». Ce qui est triplement scandaleux, en vérité, ce sont vos propos et votre positionnement. Il est
scandaleux et diffamatoire de laisser planer le soupçon « d’antisémitisme » sur ceux qui s’opposent à la politique
israélienne et non pas aux produits casher qui n’ont strictement rien à faire dans ce débat, et vous le savez parfaitement. Ce qui est scandaleux
c’est de dénigrer et de chercher à faire condamner, y compris en ayant recours à la justice qui est rendue au « nom du peuple français », ceux
qui agissent conformément au droit pour les assimiler odieusement à des « incitateurs à la haine raciale ». Ce qui est scandaleux, enfin,
c’est de ne rien faire pour mettre un terme à l’impunité des dirigeants israéliens qui tirent profit de votre posture, dont
l’Ambassadeur d’Israël en France a pu dire qu’il en était maître d’œuvre, pour tourner le dos à la paix et à l’application du droit
international.
C’est pourquoi, Monsieur le Premier ministre, vous nous trouvez plus que jamais déterminés à exiger de vous l’application du droit. Nous vous
demandons que soient condamnés ceux qui doivent l’être puisqu’ils bafouent la loi qui vient d’être rappelée par la Cour européenne de
justice. Nous exigeons de vous qu’il soit fermement rappelé à l’Ambassadeur d’Israël en France qu’il n’interfère en aucun cas
dans nos affaires intérieures. Et nous vous demandons expressément d’agir pour la suspension de l’Accord d’association UE-Israël qui ne
vaut que si les droits de l’Homme sont respectés par Israël (article 2). Il est « fondé » sur cette clause essentielle. Elle n’est pas
respectée, loin s’en faut. Nous continuons donc, en l’amplifiant, la campagne BDS jusqu’à ce qu’Israël applique le droit international.
Vous êtes du côté des tenants de la loi du plus fort. Nous sommes du côté du droit et de la justice.